dimanche 8 mars 2009

Décembre 2007 : Egypte (Louxor)

Le président français Nicolas Sarkozy et sa nouvelle compagne, l'ex-mannequin et chanteuse Carla Bruni, ont publiquement affiché leur idylle mardi à Louxor, dans le sud de l'Egypte, où ils ont débuté un séjour privé.

Costume sombre, chemise blanche, M. Sarkozy, 52 ans, a gravi les escaliers du Old Winter Palace, un hôtel de luxe de la ville, main dans la main avec Carla Bruni, 39 ans, en pantalon et haut noirs, tous deux lunettes de soleil sur le nez.

Le couple ne s'est pas caché des photographes et des caméramen postés sur le trottoir, le chef de l'Etat prenant même le temps de saluer d'un geste des touristes.

En début de soirée, M. Sarkozy et Mme Bruni ont adopté une tenue plus décontractée, portant jean et tee-shirt pour elle, veste de survêtement pour lui, mais toujours mains liées, pour une promenade sur la corniche séparant le Nil de leur hôtel.

Une armada de gardes du corps en civil ont tenu à l'écart les photographes et les quelques badauds égyptiens qui ne prêtaient pourtant guère attention à cette balade présidentielle.

Interrogé par un journaliste de l'AFP sur ses impressions de vacances, le président de la République a préféré éluder la question, l?chant simplement: "Bonnes vacances à vous et joyeux Noël!".

De retour de leur promenade nocturne d'une demi-heure environ, le chef de l'Etat a déposé un baiser sur la joue de Carla Bruni, la tenant par la hanche tandis qu'elle lui susurrait quelques mots à l'oreille au pied des marches du palace.

Le couple était arrivé en milieu d'après-midi dans la ville-musée à 700 km au sud du Caire à bord d'un jet privé, propriété d'un ami de M. Sarkozy, l'homme d'affaires Vincent Bolloré.

Ce dernier lui avait déjà prêté un avion et un yacht pour quelques jours sur l'île de Malte juste après son élection en mai. C'était alors avec l'ancienne Première dame, Cécilia Sarkozy.

Cette escapade maltaise avait fait des vagues en France, où l'opposition avait dénoncé la proximité de M. Sarkozy avec les milieux d'affaires.

Un convoi de seize voitures attendait sur le tarmac de l'aéroport de Louxor le président de la République française et ses accompagnateurs -au nombre de neuf-, selon une source aéroportuaire française.

Selon des sources égyptiennes, le président français occupe l'une des six suites de l'hôtel 5 étoiles à la décoration princière et au parc luxuriant à deux pas du temple pharaonique, et dont le prix dépasse les 1.100 dollars la nuit.

Le couple s'est laissé photographier pour la première fois le 15 décembre au parc d'attractions Disneyland Paris, deux mois après l'annonce du divorce de M. Sarkozy, certains y voyant un moyen opportun de faire oublier une visite très controversée à Paris du leader libyen Mouammar Kadhafi.

Jusqu'ici classée à gauche, Carla Bruni Tedeschi, de nationalité italienne, avait affirmé lors de la dernière campagne présidentielle sa préférence pour Ségolène Royal, la rivale socialiste de M. Sarkozy.

M. Sarkozy et ses proches prendront jeudi soir la direction de Charm el-Cheikh, la grande cité balnéaire au bord de la mer Rouge. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, arrivé lundi soir au Caire selon l'agence officielle égyptienne Mena, les rejoindra avec sa compagne, la journaliste Christine Ockrent.

La luxueuse villa où ils résideront est située dans une vaste bande littorale propriété du cheikh d'Abou Dhabi et aura un accès direct à la mer.

Ses vacances achevées, le président Sarkozy gagnera dimanche matin Le Caire, où l'attendra une délégation de près de 200 personnes pour sa visite officielle de 24 heures. Il sera immédiatement reçu par le président Hosni Moubarak.

Il repartira à Paris le 31 à la mi-journée pour présenter ses voeux de Nouvel an aux Français.

Août 2007 : Etats-Unis, Wolfeboro

Il aura fallu attendre la fin des vacances présidentielles aux Etats-Unis pour connaître l'identité des amis qui ont invité Nicolas et Cécilia Sarkozy à Wolfeboro, élégante petite ville du New Hampshire, où le couple vient de passer quinze jours. Alerté, sans doute, par les appels téléphoniques passés par Le Monde afin de vérifier quelques détails sur les conditions de sa villégiature, le chef de l'Etat a appelé lui-même, vendredi 17 août en fin d'après-midi, des Etats-Unis où il se trouvait encore. Après un message préliminaire – "Je ne veux pas que vous parliez de Cécilia; sur moi vous pouvez écrire ce que vous voulez" –, il a expliqué que la villa où il a séjourné "a été louée par nos amis, les Cromback et les Agostinelli qui nous ont invités à y séjourner avec nos enfants".

Depuis quinze jours, on avait beaucoup vu le chef de l'Etat français courir sur les sentiers, au bord du lac Winnepesaukee. On l'avait beaucoup entendu aussi : seize communiqués présidentiels en deux semaines et une demi-douzaine de réactions lâchées aux quelques journalistes français envoyés suivre les premières vacances d'été du nouveau président. Mais l'identité des amis qui avaient loué pour environ 44000 euros la propriété de l'ex-président de Microsoft Mike App, où séjournaient les Sarkozy, était restée un quasi-secret d'Etat.

Aux Etats-Unis, la presse accréditée à la Maison Blanche suit en détail les activités du président américain, y compris pendant ses congés. En Grande-Bretagne, en Espagne ou en Allemagne, le coût des vacances du chef de gouvernement fait l'objet de communiqués. En France, le porte-parole de l'Elysée, David Martinon, interrogé sur le sujet, répétait : "Nous ne sommes pas au courant. D'ailleurs, cela relève de sa vie privée." C'est finalement le chef de l'Etat lui-même qui a fini par répondre à la fameuse question.

Quelques jours plus tôt, la presse avait remarqué, parmi le petit groupe entourant le couple présidentiel, la présence d'Agnès Cromback, présidente du joaillier Tiffany-France, et de Mathilde et Roberto Agostinelli. Mme Agostinelli, responsable de la communication de Prada-France, est une intime de Cécilia Sarkozy. Elle est aussi la belle-sœur de Pierre-Jérôme Hénin, le porte-parole adjoint de l'Elysée. C'est son mari, un banquier d'affaires qui a travaillé un temps pour la banque Lazard, que M.Sarkozy a parfois présenté comme "son ami italien" aux journalistes qui les croisaient ensemble à Wolfeboro.

Les Agostinelli vivent entre Paris et New York. Ils étaient déjà présents lors de la fête donnée au restaurant Le Fouquet's par le couple Sarkozy, le soir de l'élection présidentielle, puis lors d'un week-end au fort de Brégançon, résidence réservée aux chefs d'Etat français. Ce sont eux qui ont eu l'idée de louer la maison, dans cette petite station d'une élégance très "bostonienne". Wolfeboro est habituellement prisée par la bourgeoisie de la côte Est des Etats-Unis, qui aime y passer l'été et surtout l'hiver parce qu'on peut y skier et patiner sur les chapelets de lac qui s'étendent jusqu'à l'océan Atlantique.

"Il n'y a pas de mystère, je n'ai rien à cacher, assure le président français. Mais je trouve infernal d'avoir eu sans cesse, en face du ponton de la maison, des bateaux couverts de photographes." De fait, jamais congés d'un président de la Ve République n'auront été aussi épiés. Jamais non plus un chef de l'Etat français ne se sera autant montré. Mais tout se passe comme si Nicolas Sarkozy voulait pouvoir à la fois occuper l'espace médiatique lorsqu'il le juge nécessaire et, lorsque cela lui convient, cacher son mode de vie à la curiosité de l'opinion.

Ce n'est qu'incidemment que les photographes américains ont donc saisi, sans d'ailleurs l'identifier tout de suite, la ministre de la justice, Rachida Dati, sur le bateau emmenant les Sarkozy et leurs amis en balade sur le lac – confirmant ainsi les relations privilégiées que la garde des sceaux entretient avec le couple. On avait également signalé la présence d'Henri Proglio, PDG de Veolia, mais c'était une erreur. Le patron de l'entreprise de services aux collectivités a dû publier un communiqué pour démentir sa présence.

C'est aussi pour tenter de préserver le relatif anonymat de ses amis que le président français a piqué une grosse colère, le 5 août, contre les photographes qui le "shootaient". Et eu ce geste inimaginable aux Etats-Unis pour un chef de l'Etat : bondir sur le bateau des journalistes – qui n'étaient pas des paparazzis – pour se saisir un moment de leurs appareils.

Avant de s'évanouir avec la torpeur du mois d'août, le sujet du financement des vacances présidentielles a pourtant suscité, en France, un début de polémique. L'ancien porte-parole de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, a dénoncé ce séjour payé par "des amis millionnaires" et rappelé que "le président doit se situer au-delà des intérêts privés". Le député René Dosière (apparenté socialiste), auteur d'un rapport sur le budget de l'Elysée, a pour sa part suggéré de vendre la résidence d'Etat de Brégançon : "Il n'y a pas besoin d'un lieu de villégiature si le président va ailleurs!"

Un second événement a marqué les vacances présidentielles et suscité quelques interrogations : l'absence remarquée de Cécilia Sarkozy au pique-nique donné par les Bush, le 11 août. Sujet délicat parce qu'il mêle psychologie et vie privée à la diplomatie et à la politique. Aux Etats-Unis, chaque fois que Nicolas Sarkozy était seul ou accompagné de son fils Louis, il s'est montré avenant avec la presse. "Cela ne m'embête pas que vous me voyez transpirant en train de faire mon jogging", expliquait-il ainsi à des reporters, le 16 août, en ôtant les écouteurs de son iPod d'où sortait le son d'une chanson d'Elvis Presley. En revanche, comme il l'a répété au Monde vendredi, il a réclamé à maintes reprises : "Je ne veux pas que vous écriviez sur Cecilia en famille. Cela relève de ma vie privée."

Tout se passe comme s'il voulait protéger une épouse qui supporte difficilement la presse. Arrivée un jour avant son mari aux Etats-Unis et découvrant un portrait détaillé d'elle dans l'édition datée 2-8 août du Nouvel Observateur, Mme Sarkozy a elle-même téléphoné à deux reprises à une journaliste de l'hebdomadaire pour se plaindre et menacer le magazine d'un procès. Elle s'est ensuite volontairement effacée des médias, enfin en vacances.

11 août, Cecilia Sarkozy devait pourtant reprendre son rôle officiel de première dame auprès de la famille Bush qui avait invité le couple présidentiel français. Mais c'est sans elle que le chef de l'Etat part en convoi à Kennebunkport, dans le Maine, où les Bush passent leurs vacances, à 80 km de Wolfeboro. La famille du président américain y est réunie au grand complet, Georges Bush père et son épouse Barbara, Georges W. Bush, son épouse Laura et leurs filles jumelles. M. Sarkozy, lui, arrive avec trois quarts d'heure de retard sur l'horaire prévu. Dans la matinée, Cecilia Sarkozy a téléphoné à Laura Bush pour s'excuser. Elle ne viendra pas.

Désistement diplomatique ou empêchement réel? Pendant sa rencontre avec le président américain, Nicolas Sarkozy aborde spontanément et le premier le sujet. Les traits tirés – la veille, il a effectué l'aller et retour jusqu'à Paris pour assister aux obsèques de Monseigneur Lustiger –, il évoque "l'angine blanche" dont souffriraient son épouse et ses enfants : "Le pire, c'est que c'est moi qui leur ai repassée." Personne n'avait remarqué, les jours précédents, que le président était souffrant.

S'il ne s'agissait aussi de bonnes manières et du rapprochement entre "le peuple français et le peuple américain", comme l'a martelé le président, on en resterait là. Plusieurs détails restent cependant troublants. La veille du pique-nique organisé par le président américain, un des envoyés spéciaux venus de France a aperçu Cecilia Sarkozy, en short et en chemise, flânant de boutique en boutique avec l'une de ses filles, un ami de sa fille et un garde du corps.

Le 12 août vers midi, au lendemain de la rencontre avec le président américain, deux journalistes tombent à nouveau nez à nez avec… l'épouse du président et deux amies. Les apercevant, Mme Sarkozy ne cache pas son agacement. La situation, en effet, est embarrassante. Mme Sarkozy, en short clair et simple tee-shirt blanc, ne paraît pas particulièrement souffrante. Elle glisse quelques mots à l'officier de sécurité et ce dernier s'approche des deux journalistes : "Ça suffit, laissez-la tranquille." Les reporters font valoir que c'est par hasard qu'ils viennent de croiser l'épouse du président. "Ecoutez, poursuit le garde du corps, M.Sarkozy vous a gentiment accordé deux interviews. Ne nous obligez pas à appeler vos patrons à Paris pour vous faire rapatrier. Si vous dites que vous l'avez vue, ça va encore faire des sous-entendus." Aucun commentaire de Cécilia Sarkozy n'est venu appuyer cette menace.

Mai 2007 : Fort de Brégançon

Journalistes et badauds ont fait le pied de grue hier devant la grille d'entrée du fort de Brégançon, une attente récompensée lors des différentes apparitions de Nicolas Sarkozy, à l'occasion de son premier séjour dans cette résidence officielle du chef de l'Etat.
« Il arrive ! », lance un photographe. 11 h 15 : accompagné de ses gardes du corps, Nicolas Sarkozy entame son jogging et fait une longue pause à la grille d'entrée pour saluer la foule.
« Chirac ne s'arrêtait jamais. Georges Pompidou nous saluait et descendait sur la plage en famille », commente aux premières loges « Tonio », bientôt 77 ans, gardien du parking de la plage du Cabasson, en contrebas du fort. « M. Sarkozy, on apprécie beaucoup qu'il s'arrête pour nous saluer, il a beaucoup de respect », ajoute cet immigré italien, arrivé en France « avant-guerre ».
Ciel bleu, chaud soleil, plage de rêve : le fort de Brégançon, situé sur une presqu'île rocheuse de Bormes-les-Mimosas, attire à la fois pour son décor idyllique et son hôte de marque, le président de la République.
Depuis le général De Gaulle, les chefs d'Etat français sont venus s'y reposer en famille, mais tous n'ont pas répondu aux attentes des admirateurs et curieux.
« Plus de mouvement qu'avant »
Arrivé vendredi soir pour son premier séjour depuis sa prise de fonctions, M. Sarkozy a surpris son service d'ordre en descendant de sa voiture pour venir à la rencontre des badauds.
« Ce n'était pas prévu », confie le capitaine Olivier Coulbeau, commandant de la compagnie de gendarmerie d'Hyères chargée d'assurer la sécurité autour du fort. « Avec le nouveau président, on sent qu'il va y avoir plus de mouvement qu'avant », ajoute-t-il.
Hier, après 45 minutes de jogging, M. Sarkozy s'est de fait offert un nouveau bain de foule. En sueur, mais très souriant. « Excusez-moi, je ne suis pas présentable », a-t-il lancé à l'adresse des touristes qui se bousculaient pour lui serrer la main.
Au milieu de la foule, Laurence Vargas, maman d'une fillette handicapée de 10 ans, l'a interpellé sur le sort des enfants polyhandicapés. « Je vais m'en occuper », a promis le chef de l'Etat, qui a écouté longuement son appel.
« Je pense qu'il le fera, j'ai confiance en lui », a assuré Mme Vargas, fondatrice et présidente de l'association Pirouette 13 à Marseille, qui regroupe 195 adhérents.
A 50 mètres de là, Robert qui tient La Paillote, un restaurant de plage, assure que « M. Sarkozy a l'air plus abordable. En deux jours, il nous a déjà dit bonjour bien plus souvent que M. Chirac en dix ans ».
« M. Chirac n'est jamais venu manger chez nous. En revanche, mes beaux-parents avaient reçu à l'époque M. Giscard d'Estaing, avec sa femme, son fils et son chien », ajoute Robert qui révèle que « VGE » avait dîné d'une « soupe au pistou et de pizzas ».
A 12 h 30, le ballet des livreurs de fleurs, primeurs et autres traiteurs a cessé. Les touristes, par plus de 25° C, ont regagné la plage. Les gendarmes passent à table à La Paillote, fricassée de calamars au menu.
Les journalistes en profitent pour souffler. Le calme est provisoirement revenu à Brégançon.

Mai 2007 : Malte

Voici une évaluation des principales dépenses effectuées pour l'escapade de Nicolas Sarkozy, au large de Malte.

- Le vol a été effectué à bord d'un jet privé, un Falcon 900EX de la société Unijet, qui se dit simple prestataire de service pour le groupe de Vincent Bolloré. Néanmoins, selon le registre de la Direction générale de l'aviation civile, l'appareil, immatriculé F-HBOL, a comme propriétaire "Bolloré SA", indique Libération dans son édition de mercredi 9 mai. Le quotidien précise qu' "un tel vol aller-retour coûte au total environ 50.000 euros. Il faut compter 6.000 euros de l'heure de vol, plus les frais d'immobilisation de l'appareil".

- Le "Paloma", le yacht de luxe sur lequel Nicolas Sarkozy passe ses quelques jours de repos est un navire de 60 mètres disponible à la location pour 173.000 euros par semaine -en basse saison, selon deux sites de location de yachts de luxe. Selon le site en ligne du magazine Capital, ce yacht construit en 1965 par un chantier naval japonais appartient à l'homme d'affaires Vincent Bolloré, qui l'a racheté et rénové en 2003. Le bateau comprend sept cabines, et peut accueillir 12 personnes, en plus des 16 hommes d'équipage. Son pont supérieur possède un jacuzzi et le grand salon est équipé d'écrans plasma géants.
Selon Libération, au total, une virée de deux jours coûterait environ 100 000 euros pour le millionnaire moyen qui voudrait se l'offrir, sans les repas.
- Par ailleurs, Le Canard enchaîné rapporte que le prix d'une chambre au Fouquet's, où ont dormi Nicolas Sarkozy, sa femme Cécilia et leur fils Louis dimanche soir, se situe entre 2.500 et 8.500 euros. (8.500 euros étant le prix de la suite présidentielle).